Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Partage spirituel, philosophique, poétique, etc...

Entrer en poétique... par Pierre Rabhi

Pierre Rabhi: Si le chemin ne mène pas vers plus de joie, de tolérance, de bien-être, alors il n'en vaut pas la peine.


Quand tu appelles les gens au changement, il ne s'agit donc pas seulement d'un changement de pratiques ou de vie, mais aussi d'une transformation intérieure. De quoi faudrait-il nous "défaire" intérieurement pour évoluer vers un mieux-être?

 

Pierre Rabhi:  Je pense qu'il faut que nous sortions de nos conditionnements et notamment de la peur. Sans cela, aucun véritable changement ne peut avoir lieu. A notre naissance déjà, nous sommes empêtrés dans des tas de conditionnements liés à notre histoire, notre culture, notre religion, etc. L'antagonisme et la compétition en font partie, alors que toute la vie sur la planète est organisée sur la coopération, des bactéries aux gros mamifères. Dès tout petit, l'enfant est éduqué à se comparer et à dominer.

A côté de ça, le féminin a besoin d'être reconsidéré car la domination masculine exacerbe les pulsions d'insécurité et de violence, produites par la peur.

D'où vient cette peur?Peut-être de notre incapacité à appréhender la complexité du réel avec notre raison qui est si limitée... Je pense que cela explique pourquoi l'humanité est aussi angoissée.

Comprendre le mystère de la vie avec notre raison serait comme vouloir démonter une montagne avec une fourchette!

Personnellement, j'aime beaucoup la formule de Socrate: "Tout ce que je sais c'est que je ne sais pas"...

Face au grand mystère, je ne m'obstine pas à savoir et je rentre en poétique, dans une sorte d'admiration de la vie qui n'a pas d'objet. J'essaie d'être présent au cadeau tangible et magnifique du divin qu'est notre planète, et cela me procure de la paix.

Les animaux sont naturellement dans l'ici et maintenant et nous, nous pratiquons des tas de disciplines pour retrouver cette capacité à être présents à la vie. Nous projetons sans cesse notre pensée dans le temps: ce qui s'est passé de beau dans ma vie, je voudrais que ça se répète, mais ce qui s'est passé de mauvais, je redoute que ça revienne, et ainsi nous sommes dans des tourments permanents avec ce mental qui fabrique des peurs et des fantasmes et nous empêche de savourer l'instant présent.


(extrait d'un interview dans Terre et Humanisme du printemps 2014)


3883293707_fface77c5e.jpg

      Pierre Rabhi


Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article