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Editorial de Pierre Rabhi pour le n°32 des Amis de Solan, juillet 2011
"Tant que nous n'aurons pas une vision claire de ce que nous voulons de la vie, nous ne pourrons être guidés en conscience et dans nos âmes pour construire un monde satisfaisant pour tous, un monde qui soit digne de l'intelligence divine, représentatif de ce que véritablement nous avons à faire ici-bas. Notre civilisation matérialiste, qui a prôné la raison comme seul moyen de comprendre la réalité, arrive aux limites de son expression.Tout ce que nous avons mis en place sans lui donner une âme se retourne contre nous. Nous avons des aptitudes mais pas l'intelligence pour leur donner ordre et harmonie. Or, plus je vais, plus j'ose affirmer que l'on n'arrivera à rien si l'on s'acharne comme on le fait à évacuer le sacré. L'écologie politique s'enlise dans le matérialisme : elle ne parle que d'éléments pondérables et matériels mais non pas de ce qui devrait nous exalter : la beauté qui devrait nous aider à construire un autre monde. Le résultat en est que nous vivons dans une abondance triste et angoissée.
Il nous faut chercher l'utopie (et non pas la chimère) qui est d'oser faire autrement. C'est ce que Solan a fait avec une rigueur légère et déterminée ; et je suis heureux que le monastère puisse en témoigner à travers le livre publié par Actes Sud. Son témoignage me touche énormément car il démontre que le changement est possible. Grâce à Solan et à mon ami Pierre Peylhard, je me suis engagé en Roumanie, accueilli par le métropolite Daniel de Moldavie qui est devenu par la suite le Patriarche de Roumanie. Cinq cents monastères peuvent évoluer comme Solan, entraînant avec eux les petits paysans.
La petite paysannerie en effet doit être sauvée. C'est une folie de mettre tant d'hommes dans les villes et quelques-uns seulement pour les nourrir. Dans cette folie, trois milliards d'hommes sont aujourd'hui sous-alimentés. Quant à la nourriture "abondante" de notre société, c'est une nourriture de mort. Et avec tout cela, nous sommes devenus des êtres insatiables, car la surproduction va de pair avec l'insatisfaction.
Posséder ne donne pas la joie. Or l'humanité aspire à vivre dans la paix et ne la trouvera pas dans la quête illimitée de la matière. L'attitude sacrée et profondément religieuse est celle qui prend soin de la vie."
Published by SOURIRE
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Ecologie